ALTIS Conseil cité dans Le Figaro Magazine 8 octobre 2025 – Par Nathalie Cheysson-Kaplan Altis…
Retraite USA : comment vos années travaillées aux États-Unis comptent pour votre retraite en France ?
Comprendre le fonctionnement de la retraite américaine est essentiel pour tout expatrié français travaillant aux États-Unis, car les règles diffèrent largement du système français. Entre la Social Security, les plans privés de capitalisation proposés par les employeurs, les comptes individuels (IRA) et les effets de la convention bilatérale France–États-Unis, chaque dispositif présente des droits et des obligations spécifiques. Cet article détaille le régime obligatoire américain, les pensions privées, les conditions pour obtenir une pension OASDI, le rôle de la totalisation entre les deux pays, l’impact sur les droits français, la retraite complémentaire Agirc-Arrco en cas d’expatriation, ainsi que les démarches à suivre pour demander sa retraite lorsque l’on a cotisé des deux côtés de l’Atlantique.
Comment fonctionne la retraite américaine pour un expatrié français ?
Le système de retraite américain repose sur la Social Security, un régime public obligatoire fondé sur la rémunération et les cotisations versées tout au long de la carrière. Les expatriés français qui travaillent aux États-Unis y sont affiliés de manière automatique, sauf cas de détachement. En complément du régime obligatoire de la Social Security, les États-Unis disposent d’un système de retraite fondé sur la capitalisation proposés par les entreprises ou souscrits à titre individuel.
Le rôle de la Social Security (OASDI)
La Social Security constitue le pilier du système de retraite obligatoire américain. Elle couvre les salariés, travailleurs indépendants et résidents ayant cotisé sur leurs revenus d’activité. Les prestations versées au titre de l’OASDI comprennent :
- la retraite de base (Old-Age benefits),
- les pensions de survivants,
- les prestations d’invalidité,
- certaines pensions pour les conjoints et enfants à charge.
Les cotisations sont prélevées directement sur le salaire et partagées entre l’employeur et le salarié. Pour un expatrié français salarié aux États-Unis, l’affiliation à la Social Security est automatique, sauf s’il est détaché temporairement par son employeur français (dans ce cas, les cotisations continuent d’être versées en France).
La pension américaine est calculée à partir d’un revenu moyen appelé AIME (Average Indexed Monthly Earnings), déterminé sur 35 années de revenus revalorisés. La formule de calcul du montant appelé PIA (Primary Insurance Amount) est progressive : elle attribue proportionnellement plus aux bas revenus, ce qui distingue ce système du modèle contributif français.
Les conditions pour obtenir une pension américaine
Pour percevoir une pension OASDI, il faut :
- Avoir travaillé aux États-Unis et cotisé à la Social Security,
- Avoir atteint l’âge de la retraite,
- Avoir validé un nombre suffisant de trimestres (credits).
Âge de la retraite
L’âge de la retraite à taux plein (“full retirement age”) dépend de l’année de naissance :
- 66 ans pour les assurés nés entre 1943 et 1954,
- augmentation progressive : de 66 ans et 2 mois à 66 ans et 10 mois pour les générations 1955–1959,
- 67 ans pour les assurés nés à partir de 1960
Âge de la retraite à taux plein aux USA :
| Année de naissance | Âge |
| 1943-1954 | 66 ans |
| 1955 | 66 ans et 2 mois |
| 1956 | 66 ans et 4 mois |
| 1957 | 66 ans et 6 mois |
| 1958 | 66 ans et 8 mois |
| 1959 | 66 ans et 10 mois |
| 1960 ou plus | 67 |
Trois possibilités existent :
- Retraite anticipée dès 62 ans : réduction permanente (environ 0,5 % par mois d’anticipation).
- Retraite au taux plein : pension intégrale.
- Retraite reportée jusqu’à 70 ans : majoration annuelle (3 % à 8 % selon l’année de naissance).
La durée minimale d’assurance (40 quarters) et son équivalent en années
Aux États-Unis, la durée d’assurance est exprimée en “credits”, souvent appelés quarters, c’est-à-dire trimestres.
Validation des quarters
Un assuré valide :
- 1 quarter dès qu’il dépasse un certain revenu minimum annuel (montant révisé chaque année),
- 4 quarters maximum par an, quel que soit le montant du revenu.
Condition d’ouverture des droits
Pour obtenir une pension américaine, il faut avoir validé 40 quarters, soit 10 années d’activité cotisée.
Un expatrié français ayant travaillé moins de 10 ans aux États-Unis peut tout de même ouvrir un droit grâce à la convention bilatérale France–États-Unis, qui permet de totaliser les périodes françaises et américaines pour atteindre ce seuil.
Cependant la pension américaine sera alors calculée uniquement sur les années réellement cotisées aux États-Unis, les trimestres français ne comptent pas dans le calcul du montant, mais uniquement dans l’ouverture du droit.
Pensions privées de retraite par capitalisation
En complément du régime obligatoire de la Social Security, les États-Unis disposent d’un système de retraite fondé sur la capitalisation. Ces dispositifs, proposés par les entreprises ou souscrits à titre individuel, permettent aux salariés et travailleurs indépendants d’accumuler une épargne investie sur les marchés financiers en vue de la retraite.
On distingue trois grandes catégories :
Plans à prestations définies (« Defined Benefit Plans »)
Les plans à prestations définies sont des régimes où l’employeur s’engage à verser au salarié une pension dont le montant est prédéterminé. Ce type de régime, de plus en plus rare aux États-Unis, fonctionne de manière comparable à certaines pensions d’entreprise européennes.
La pension est généralement calculée en fonction :
- de la moyenne des salaires des dernières années de carrière,
- de la durée d’emploi au sein de l’entreprise,
- d’un taux de remplacement fixé par le plan.
Le risque financier est intégralement porté par l’employeur, qui doit garantir le versement de la pension définie contractuellement.
Plans à cotisations définies (« Defined Contribution Plans »)
Les plans à cotisations définies sont aujourd’hui le pilier de l’épargne retraite en entreprise aux États-Unis. Ils reposent sur des contributions effectuées par le salarié, l’employeur ou les deux, versées sur un compte individuel.
Le montant de la pension dépend :
- des cotisations versées,
- des supports d’investissement choisis (fonds actions, obligations, mixtes…),
- de la performance des marchés financiers,
- de la durée pendant laquelle l’épargne est investie.
Contrairement aux plans à prestations définies, il n’existe aucune garantie de pension : le risque financier repose sur l’assuré.
Fonds de réserve privés à caractère individuel (IRA)
En dehors des dispositifs d’entreprise, les particuliers peuvent ouvrir un Individual Retirement Account (IRA). Ces comptes individuels sont particulièrement utilisés par les indépendants, les expatriés ou les salariés souhaitant compléter leur épargne retraite.
Un IRA permet de verser des cotisations annuelles dans une enveloppe fiscale avantageuse. Les gains réalisés dans un IRA sont exonérés d’impôt tant qu’ils restent investis.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre article « Comment sont calculés les droits à la retraite des salariés expatriés ? », qui explique en détail les règles applicables aux carrières internationales.
Qu’apporte la convention bilatérale France–États-Unis pour votre retraite ?
La France et les États-Unis ont signé une convention bilatérale de sécurité sociale qui coordonne les droits à la retraite entre les deux pays. Cette convention évite toute double cotisation, garantit la continuité des droits et permet à un expatrié français de faire reconnaître ses années américaines dans sa retraite française, et inversement.
Les principes de totalisation des périodes
La convention repose sur le mécanisme de la totalisation. Elle consiste à additionner les périodes d’assurance accomplies en France (trimestres CNAV, périodes assimilées et aux États-Unis (quarters validés par la SSA) pour vérifier si vous remplissez les conditions d’ouverture du droit dans l’un des deux pays.
Ce que permet la totalisation
- Atteindre plus facilement les 40 quarters nécessaires pour la pension US.
- Atteindre les trimestres requis pour le taux plein en France.
- Éviter les “carrières incomplètes”
Ce que la totalisation ne fait pas
- Elle ne remplace pas des revenus : les périodes US ne s’intègrent pas dans le calcul du salaire annuel moyen (SAM) en France.
- Elle n’attribue aucun point Agirc-Arrco.
L’impact de la convention sur l’ouverture du droit
Grâce à la convention, un expatrié français peut ouvrir un droit à pension dans un pays même s’il n’y a travaillé que quelques années.
Exemple : ouvrir un droit américain : Un Français ayant travaillé 4 ans aux États-Unis (16 quarters) et 30 ans en France (120 trimestres) totalise 136 trimestres/quarters au total.
Il atteint donc le seuil de 40 quarters requis pour la pension américaine.
La SSA lui accordera alors une retraite US, calculée seulement sur les 4 années cotisées aux USA.
Exemple : obtenir le taux plein en France Si un expatrié a 140 trimestres en France et 8 trimestres aux États-Unis, Il totalise 148 trimestres pour vérifier le taux plein. Grâce à ces 8 trimestres américains, il peut atteindre plus facilement le taux de 50 % en France.
Les règles de calcul selon l’État compétent (France vs. USA)
Même si les périodes sont totalisées pour ouvrir le droit, le calcul de la pension reste propre à chaque pays, selon ses propres règles.
Calcul de la pension en France
La France totalise les périodes US pour vérifier l’accès au taux plein. Le taux (de liquidation (37,5 % à 50 %) peut être augmenté grâce aux trimestres américains mais le montant est calculé uniquement sur le nombre de trimestres français et le salaire annuel moyen français, Ainsi, la France verse une pension proportionnelle aux trimestres réalisés en France.
Calcul de la pension aux États-Unis
De son côté, la Social Security Administration totalise éventuellement les trimestres français pour atteindre les 40 quarters mais calcule la pension uniquement sur les revenus américains en utilisant la formule nationale basée sur les 35 meilleures années (AIME + PIA). Ainsi, les États-Unis versent une pension proportionnelle aux années cotisées aux États-Unis.
La coordination entre la SSA et la Cnav
La convention bilatérale prévoit une coopération administrative entre les organismes de retraite des deux pays, facilitant les démarches pour les assurés ayant une carrière internationale.
Coordination au moment de la demande de retraite
L’assuré peut déposer sa demande auprès de la Cnav / Carsat s’il réside en France ou auprès de la Social Security Administration s’il réside aux USA. L’organisme contacté devient le point d’entrée et transmet la demande à l’autre pays.
Les échanges d’informations portent sur :
✔ les périodes d’assurance (trimestres / quarters),
✔ les années et revenus soumis à cotisations,
✔ les périodes non cotisées mais assimilées,
✔ l’historique d’emploi,
✔ l’ouverture du droit au taux plein.
Comment la retraite complémentaire Agirc-Arrco prend-elle en compte un parcours USA–France ?
Contrairement à la retraite de base, la retraite complémentaire Agirc-Arrco ne bénéficie d’aucun mécanisme de totalisation avec les périodes travaillées aux États-Unis. Les points Agirc-Arrco ne peuvent être attribués que sur la base de salaires soumis à cotisations en France.
Absence de totalisation pour les points Agirc-Arrco
L’Agirc-Arrco est un régime entièrement contributif : les points sont acquis en fonction :
- des salaires soumis aux cotisations françaises,
- des taux de cotisation,
Les périodes réalisées aux États-Unis ne génèrent aucun point Agirc-Arrco,
Les systèmes de retraite américains (Social Security, régimes privés) ne sont pas coordonnés avec l’Agirc-Arrco, car la convention bilatérale porte uniquement sur la sécurité sociale obligatoire et ne s’étend pas aux régimes complémentaires français.
Un salarié expatrié aux USA peut cotiser à une retraite complémentaire
Les salariés expatriés peuvent cotiser à la retraite complémentaire française en adhérant à Malakoff Humanis International Agirc-Arrco, un organisme dédié à la gestion des droits pour les Français travaillant à l’étranger.
Cette affiliation peut se faire à titre individuel, directement par le salarié ou via un contrat collectif mis en place par l’employeur pour ses salariés expatriés.
Cette démarche n’est pas obligatoire, mais elle est vivement recommandée pour éviter une rupture de carrière dans le régime complémentaire Agirc-Arrco.
Conditions d’affiliation à la retraite complémentaire
Pour pouvoir cotiser à la retraite complémentaire depuis l’étranger, plusieurs critères doivent être remplis :
- avoir déjà cotisé au régime Agirc-Arrco par le passé (même pour une courte période),
- être affilié à l’assurance vieillesse de la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) pendant la période d’expatriation,
- respecter les formalités d’adhésion fixées par Malakoff Humanis International.
Acquisition de points pendant la période d’expatriation
L’adhésion permet au salarié expatrié de continuer à accumuler des points Agirc-Arrco, comme s’il travaillait en France. Ces points seront pris en compte dans le calcul de sa retraite complémentaire au moment de la liquidation.
Le montant de la cotisation est calculé sur la base d’un revenu de référence, déclaré à l’adhésion, et les points sont attribués selon le barème Agirc-Arrco en vigueur.
Comment demander votre retraite lorsque vous avez travaillé en France et aux États-Unis ?
Lorsqu’une carrière a été partagée entre la France et les États-Unis, la demande de retraite doit respecter les règles de coordination internationale prévues par la convention bilatérale. L’assuré n’a pas besoin de déposer deux demandes séparées : le dossier est instruit par l’un des deux pays, qui se charge ensuite de transmettre les informations à l’autre administration.
Trois étapes principales doivent être anticipées :
- le dépôt d’une demande via la Cnav/Carsat,
- les échanges avec la Social Security Administration (SSA),
- la préparation et la transmission de l’ensemble des justificatifs.
Démarches côté Cnav (formulaire bilatéral)
Un expatrié français doit déposer sa demande de retraite directement auprès de la Cnav/Carsat s’il réside en France ou auprès de l’administration américaine, s’il réside aux USA. En France, la demande s’effectue auprès de la Cnav ou de la Carsat
Étapes côté Cnav :
- Déposer la demande de retraite française (au plus tôt 6 mois avant la date souhaitée).
- Cocher la section dédiée aux carrières à l’étranger.
- Indiquer précisément les périodes travaillées aux États-Unis (dates, employeurs, lieu d’activité, numéro de sécurité sociale américain (SSN).
- La Cnav transmet ensuite la demande à la SSA pour transmission des périodes US.
L’organisme français reste votre interlocuteur principal si vous résidez en France.
Démarches côté Social Security Administration
Un assuré résidant aux États-Unis peut initier sa demande directement auprès de la Social Security Administration.
Il peut le faire en ligne, par téléphone ou en se rendant dans un bureau local de la SSA.
Étapes côté SSA :
- Déposer la demande de pension OASDI (Old-Age Benefits).
- Indiquer avoir travaillé dans un pays ayant signé une convention de sécurité sociale avec les États-Unis.
- Fournir les périodes françaises de travail (dates et employeurs).
- La SSA contacte la Cnav pour obtenir le relevé de carrière français officiel.
- Après réception des périodes françaises, la SSA détermine :
- l’ouverture du droit,
- la nécessité ou non de totalisation,
- le calcul de la pension américaine (standard ou proratisée).
L’assuré peut ensuite percevoir sa pension américaine sur un compte bancaire français, sous conditions précises de traçabilité financière.
En résumé : la retraite américaine offre aux expatriés français un système complet mêlant Social Security et dispositifs privés de capitalisation, mais son articulation avec la retraite française nécessite une lecture attentive des règles internationales. Grâce à la convention bilatérale France–États-Unis, les périodes peuvent être totalisées pour ouvrir les droits dans chaque pays, tout en conservant des calculs de pension distincts. Pour optimiser son parcours, éviter les pertes de droits et organiser sa demande de retraite dans les meilleures conditions, il est essentiel d’anticiper suffisamment tôt et de vérifier chaque étape auprès des organismes français et américains.
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