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Parlement Du Canada à Ottawa Avec Un Drapeau Canadien Flottant – Symbole Du Système De Retraite Canadien Et De La Coordination France–Canada

Retraite au Canada et en France : ce qu’il faut savoir quand on est expatrié

Travailler au Canada tout en ayant une carrière en France soulève souvent de nombreuses questions au moment de la retraite. Comment fonctionne le système canadien ? Quelles sont les règles du Régime de pensions du Canada (RPC), de la Sécurité de la vieillesse (SV) ou du Régime des rentes du Québec ? Et surtout, comment la France prend-elle en compte les années travaillées au Canada ? Cet article fait le point sur le système de retraite canadien, l’accord bilatéral France–Canada, les démarches à effectuer et les stratégies possibles pour percevoir vos pensions dans les deux pays.

Le système de retraite au Canada

Le Canada dispose d’un système de retraite à plusieurs niveaux, combinant des régimes publics universels et des régimes complémentaires privés. Cette architecture vise à garantir un revenu minimal à la retraite tout en offrant la possibilité d’en améliorer le montant grâce à l’épargne volontaire ou collective.

Structure du système public canadien

Le système public canadien repose sur deux piliers principaux :

  • La Sécurité de la vieillesse (SV), une pension versée par le gouvernement fédéral à partir de 65 ans, sous condition de résidence.
  • Le Régime de pensions du Canada (RPC), ou le Régime des rentes du Québec (RRQ) pour les résidents du Québec, financé par des cotisations sociales prélevées sur les revenus d’emploi.

Ces deux régimes assurent une base de revenu à la retraite. Le RPC/RRQ est contributif : le montant dépend des revenus cotisés et du nombre d’années de participation. La SV est non contributive : elle est liée au nombre d’années vécues au Canada après 18 ans.
À cela s’ajoute la possibilité de compléter ses revenus avec des régimes d’épargne privés et collectifs (REER, RPA, CELI, etc.).

Régime de pensions du Canada (RPC) et le Régime des rentes du Québec (RRQ)

Le RPC (hors Québec) et le RRQ (Québec) sont des régimes publics obligatoires pour les travailleurs salariés et autonomes.

  • Les cotisations sont partagées à parts égales entre employeur et salarié.
  • Le taux de cotisation 2025 est d’environ 5,95 % du revenu brut jusqu’à un maximum annuel admissible d’environ 71 300 $ CA.
  • La pension est calculée en fonction des revenus gagnés et cotisés tout au long de la carrière.

Le montant de la retraite du RPC/RRQ peut être anticipé dès 60 ans ou reporté jusqu’à 70 ans :

  • Départ avant 65 ans → réduction de 0,6 % par mois (jusqu’à –36 %).
  • Report après 65 ans → bonification de 0,7 % par mois (jusqu’à +42 %).

Sécurité de la vieillesse (SV) et la Pension après-retraite

La Sécurité de la vieillesse (SV) est une pension fédérale versée à la plupart des Canadiens à partir de 65 ans, même sans avoir cotisé.

  • Pour obtenir la pension complète, il faut avoir résidé au moins 40 ans au Canada après 18 ans.
  • Si la résidence est comprise entre 10 et 39 ans, une pension partielle est versée au prorata.
  • Les résidents à faible revenu peuvent recevoir un Supplément de revenu garanti (SRG).

Depuis 2012, il est possible de reporter la SV jusqu’à 70 ans, avec une majoration de 0,6 % par mois.
La Prestation après-retraite (PAR) s’adresse à ceux qui continuent à travailler tout en percevant leur pension du RPC : elle permet de générer de nouveaux droits et d’augmenter le montant total.

Régimes privés : REER, RPA et épargne individuelle

En complément des régimes publics, le Canada encourage fortement l’épargne retraite privée :

  • Le REER (Régime enregistré d’épargne-retraite) permet de placer une partie de ses revenus à l’abri de l’impôt. Les retraits sont imposables à la retraite.
  • Le RPA (Régime de pension agréé) correspond aux régimes de retraite collectifs d’entreprise.
  • Le CELI (Compte d’épargne libre d’impôt) n’est pas spécifiquement un produit retraite, mais il offre un cadre fiscal avantageux pour compléter ses revenus à long terme.

Ces dispositifs permettent de maintenir son niveau de vie à la retraite surtout pour les travailleurs ayant des carrières discontinues ou à revenus élevés.

Âge de départ, montants et pénalités : comment sont-ils calculés ?

L’âge normal de départ à la retraite au Canada est 65 ans, mais les régimes publics sont flexibles :

  • Départ anticipé à partir de 60 ans, avec réduction du montant.
  • Report jusqu’à 70 ans, avec majoration.

Le calcul dépend :

  1. Des revenus cotisés ;
  2. Du nombre d’années de participation ;
  3. De l’âge de liquidation ;
  4. D’éventuelles bonifications (travail après 65 ans) ;
  5. Et pour la SV, du nombre d’années de résidence au Canada.

Le montant moyen du RPC en 2025 avoisine 848 $ CA par mois, pour un maximum théorique d’environ 1 433 $ CA. La pension de la SV atteint environ 740 $ CA, selon la durée de résidence.

Comment la France prend-elle en compte les périodes travaillées au Canada ?

Lorsqu’un Français a exercé une activité professionnelle au Canada, les périodes cotisées dans ce pays peuvent être prises en compte pour l’ouverture et le calcul de ses droits à la retraite en France. Cette coordination est rendue possible grâce à l’accord bilatéral de sécurité sociale France–Canada, en vigueur depuis le 1ᵉʳ août 2017.

Cet accord évite la double cotisation et garantit que les années travaillées dans l’un ou l’autre pays ne soient pas perdues au moment de la liquidation des pensions.

Principe de la totalisation des périodes d’assurance

La France et le Canada appliquent le principe de totalisation : les périodes accomplies dans chaque pays sont additionnées pour déterminer si l’assuré remplit les conditions d’ouverture du droit à la retraite.

Exemple :
Un assuré ayant travaillé 20 ans en France et 10 ans au Canada pourra faire totaliser 30 années d’assurance pour atteindre le seuil du taux plein français (sous réserve des âges requis).

Cependant, la pension versée par chaque pays reste calculée selon les règles propres à chaque régime, proportionnellement à la durée validée sur son territoire.

Calcul de la pension française avec les périodes canadiennes

En France, la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) applique un double calcul pour déterminer le montant à verser :

  1. Pension nationale : calculée uniquement avec les périodes travaillées en France.
  2. Pension totalisée : la France totalise les périodes accomplies au Canada pour estimer une pension théorique comme si toute la carrière avait eu lieu en France, puis applique une proratisation selon la part de carrière réellement effectuée en France.

L’assuré reçoit le montant le plus avantageux entre ces deux calculs.

Qui paie quoi ? Répartition des pensions entre les deux pays

Chaque pays verse sa part de retraite de manière indépendante :

  • La France verse la pension du régime général et, le cas échéant, des régimes complémentaires (Agirc-Arrco, SSI, CNAVPL…).
  • Le Canada verse la pension du RPC/RRQ et la Sécurité de la vieillesse (SV) si les conditions de résidence sont remplies.

Chaque Etat reste responsable du paiement de la part qui le concerne.

Démarches pour faire reconnaître vos périodes étrangères

Pour bénéficier de la totalisation, l’assuré n’a qu’une seule demande à déposer, auprès de la caisse du pays où il réside au moment de la retraite :

  • Si vous vivez en France, la demande est adressée à la CNAV (régime de base)
  • Si vous vivez au Canada, la demande est transmise à Service Canada , qui la transmettra aux institutions françaises compétentes.

Les deux institutions se coordonnent ensuite pour échanger les informations nécessaires (périodes validées, cotisations, identité).
Il est conseillé de :

  • Vérifier que vos relevés de carrière mentionnent bien les périodes canadiennes.
  • Fournir vos justificatifs d’emploi au Canada (contrats, fiches de paie, attestations).
  • Anticiper 6 à 12 mois de délai avant le premier versement.

Pour mieux comprendre la manière dont vos années travaillées à l’étranger influencent le calcul de votre pension, consultez notre article dédié : Comment sont calculés les droits à la retraite des salariés expatriés ?

Quelles démarches effectuer pour demander votre retraite ?

Si vous avez travaillé en France et au Canada, vous n’avez pas besoin de déposer deux dossiers séparés : une seule demande de retraite suffit.
Grâce à l’accord bilatéral, la caisse de retraite du pays où vous résidez au moment de votre départ se charge de transmettre automatiquement votre dossier à l’autre pays.

À qui s’adresser : CNAV, Service Canada, RRQ

  • Vous résidez en France :
    Votre demande doit être déposée auprès de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) ou de votre régime de base (MSA pour les agriculteurs, SSI pour les indépendants).
    La CNAV se charge ensuite de contacter Service Canada (et le RRQ si vous avez travaillé au Québec).
  • Vous résidez au Canada :
    Vous devez déposer votre demande auprès de Service Canada, qui la transmettra à la CNAV et aux autres régimes concernés en France.

Documents à fournir et les délais à prévoir

Préparez vos pièces justificatives avant le dépôt de la demande. Les documents les plus souvent exigés sont :

  • une copie de votre pièce d’identité ou passeport,
  • votre numéro de sécurité sociale français et votre numéro d’assurance sociale canadien (NAS),
  • vos relevés de carrière des deux pays ou, à défaut, les informations détaillées sur vos périodes d’activité : nom de l’employeur, fonction exercée, dates exactes d’emploi et lieu de travail.
  • vos attestations d’emploi ou fiches de paie si certaines périodes ne figurent pas sur vos relevés,
  • un RIB international (IBAN + BIC) pour le versement des pensions.

Délais moyens :

  • Comptez 6 à 12 mois entre la demande et le premier versement.
  • Les démarches sont à initier environ 6 mois avant la date souhaitée de départ.

Comment suivre votre dossier et recevoir vos paiements

Une fois la demande déposée, chaque organisme traite sa part :

  • En France, la CNAV calcule la pension de base et transmet les informations aux caisses complémentaires (Agirc-Arrco).
  • Au Canada, Service Canada ou le RRQ calcule la pension canadienne.

Vous recevrez :

  • un courrier de notification pour chaque pension,
  • puis un virement mensuel sur votre compte bancaire, en euros ou en dollars canadiens selon la provenance.

Les paiements sont possibles sur un compte ouvert dans n’importe quel pays, sous réserve que le compte accepte les virements internationaux.

Demande simultanée ou séquencée : que choisir ?

Demande simultanée
(France + Canada)
  • Avantage : coordination simplifiée, traitement parallèle des dossiers.
  • Recommandée si : vous atteignez l’âge de départ dans les deux pays à peu près au même moment.
Demande séquencée
  • Avantage : permet de décaler la liquidation d’un régime pour éviter une décote ou profiter d’une majoration (ex. report de la pension SV ou RPC).
  • Recommandée si : vous souhaitez optimiser le montant global ou continuer à travailler dans un des deux pays.

Bon à savoir : il est possible de percevoir la retraite canadienne tout en continuant à travailler en France, ou inversement, à condition de respecter les règles fiscales de chaque pays.

En résumé, la retraite entre la France et le Canada repose sur un système bien coordonné grâce à l’accord bilatéral de sécurité sociale. Chaque pays calcule et verse sa part de pension selon ses propres règles, tout en reconnaissant les périodes travaillées de part et d’autre. En anticipant vos démarches et en préparant vos justificatifs à l’avance, vous pouvez bénéficier sereinement de vos droits dans les deux régimes et optimiser le montant total de votre retraite.

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Grâce à l’accord bilatéral de sécurité sociale entre la France et le Canada, vos périodes d’activité dans les deux pays peuvent être totalisées pour ouvrir vos droits à la retraite. Chaque pays calcule ensuite sa part de pension selon la durée travaillée sur son territoire.
En savoir plus sur la prise en compte des périodes travaillées au Canada

Non. Une seule demande suffit : elle doit être déposée dans le pays où vous résidez au moment de votre départ à la retraite. L’organisme local (CNAV en France ou Service Canada) se charge ensuite de transmettre votre dossier à l’autre pays.

Oui. Chaque pays verse sa propre pension en fonction des périodes d’activité accomplies sous sa législation. Vous pouvez donc cumuler vos pensions françaises et canadiennes, qui vous seront versées directement sur votre compte bancaire, même à l’étranger.

Si vous avez travaillé à l’étranger sans être affilié à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) et que ces périodes ne sont pas couvertes par un accord de sécurité sociale, vous pouvez demander un rachat de trimestres dans un délai de 10 ans après la fin de l’activité concernée. Consultez notre article détaillé sur le rachat de trimestres en 2025

L’âge normal de départ est de 65 ans, mais il est possible de demander sa pension dès 60 ans avec une réduction du montant, ou de la reporter jusqu’à 70 ans pour bénéficier d’une majoration. Cette flexibilité permet d’adapter le départ à sa situation personnelle et professionnelle.

Les délais varient selon les régimes, mais il faut compter en moyenne 6 à 12 mois entre le dépôt du dossier et le premier versement. Il est donc recommandé de préparer votre demande au moins six mois avant la date de départ souhaitée, en rassemblant tous vos justificatifs d’emploi et relevés de carrière.

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