De nombreux Français ignorent qu’ils sont bénéficiaires d’un contrat d’épargne retraite, souvent mis en place…

Rente ou capital : que choisir pour votre épargne retraite en 2025 ?
Au moment de liquider une épargne retraite, le choix entre rente viagère et capital peut avoir un impact important sur votre niveau de vie, votre fiscalité et la transmission de votre patrimoine. Pour vous aider à y voir plus clair, cet article passe en revue les produits concernés, les avantages et inconvénients de chaque option, les critères pour orienter votre décision selon votre profil, les possibilités de sortie mixte, ainsi que les principales règles pratiques à connaître.
Quels produits sont concernés par ce choix entre rente et capital ?
Le dilemme entre sortie en rente viagère ou sortie en capital concerne plusieurs dispositifs d’épargne retraite, qu’ils soient encore commercialisés ou désormais fermés à la souscription.
Les produits d’épargne retraite actuellement commercialisés
Depuis la loi Pacte, le Plan d’Épargne Retraite (PER) est devenu le produit phare de la retraite supplémentaire. Il offre une grande souplesse au moment de la sortie, permettant de choisir entre une sortie en capital, une sortie en rente viagère, ou une combinaison des deux. On distingue trois formes de PER :
- PER individuel (PERIN) : accessible à tous, il remplace les anciens contrats Madelin et PERP. Il est alimenté à titre personnel (versements volontaires).
- PER d’entreprise collectif (PERECO) : proposé dans le cadre de l’épargne salariale, il succède au PERCO.
- PER d’entreprise obligatoire (PERO) : mis en place par l’employeur pour certaines catégories de salariés, il remplace les anciens contrats « article 83 ».
Les anciens produits encore en gestion
Même s’ils ne sont plus commercialisés, certains contrats restent en gestion et posent encore la question du choix entre rente et capital au moment de la retraite :
- Contrats Madelin : destinés aux travailleurs non salariés, ils prévoient une sortie obligatoirement en rente viagère.
- Contrats article 83 : souscrits par les entreprises pour leurs salariés, ils imposent également une sortie en rente.
- PERP (Plan d’Épargne Retraite Populaire) : lui aussi n’est plus commercialisé, mais offre parfois quelques options de sortie en capital dans des cas précis.
Les dispositifs à sortie souple
Certains produits d’épargne, bien que non spécifiques à la retraite, permettent également de constituer une épargne long terme utilisable en capital :
- Assurance-vie : très flexible, elle offre le choix entre rachats programmés ou rente viagère.
- PEA et anciens PEP : ils autorisent une sortie en capital ou en rente, mais sont rarement utilisés comme solution de retraite principale.
En 2025, le PER est devenu la référence en matière de préparation retraite, notamment en raison de sa souplesse de sortie. C’est donc principalement sur ce produit que la question du choix entre rente ou capital mérite d’être posée avec attention.
Sortie en rente : définition, atouts et limites
Qu’est-ce qu’une rente viagère ?
La rente viagère est un revenu régulier (mensuel, trimestriel…) versé à vie, en contrepartie de la transformation d’un capital accumulé dans un produit d’épargne retraite. Concrètement, l’épargnant abandonne la pleine propriété de son capital au profit d’un assureur, qui s’engage à lui verser une somme fixe (ou revalorisable) jusqu’à son décès.
C’est une garantie précieuse contre le risque de longévité : même si l’épargnant vit très longtemps, il continuera à percevoir un revenu. Ce mécanisme repose sur la mutualisation des risques entre tous les assurés : les capitaux des personnes décédées prématurément financent ceux qui vivront plus longtemps que la moyenne.
Pour limiter le risque de perte en cas de décès rapide, des options complémentaires sont souvent proposées :
- La réversion, qui permet de verser une partie de la rente au conjoint survivant.
- Les annuités garanties, qui assurent le versement d’une rente sur une durée minimale (par exemple 15 ou 20 ans), même en cas de décès anticipé.
Ces options protègent les proches mais réduisent mécaniquement le montant de la rente initiale perçue.
Atouts : revenu à vie, protection contre la longévité, mutuelle du risque
Le principal atout de la rente viagère est sa stabilité : elle constitue un revenu garanti à vie, insensible aux aléas des marchés financiers. Cela en fait une solution rassurante pour celles et ceux qui souhaitent sécuriser leur niveau de vie tout au long de la retraite, sans avoir à gérer eux-mêmes leur capital.
Autre avantage : elle externalise le risque de longévité. Dans un contexte d’espérance de vie en hausse, la rente protège contre le risque d’épuiser son épargne avant la fin de sa vie.
Enfin, grâce à la mutualisation des risques assurée par l’assureur, les personnes qui vivent longtemps bénéficient de revenus stables financés en partie par ceux qui décèdent plus tôt.
Limites : capital perdu en cas de décès précoce, inflation, faible rendement si peu de capital
Malgré ses avantages, la rente viagère présente plusieurs inconvénients :
- Capital définitivement converti : une fois le capital transformé en rente, il n’est plus récupérable, ni transmissible aux héritiers (sauf en cas d’options comme la réversion ou les annuités garanties). En cas de décès précoce, une grande partie de l’épargne peut être « perdue ».
- Impact de l’inflation : la plupart des rentes ne sont que faiblement revalorisées. En période d’inflation, leur pouvoir d’achat diminue, comme l’ont connu les rentiers des années 1970-80. Certaines compagnies proposent des rentes indexées, mais elles sont plus coûteuses et plus rares.
- Rendement parfois décevant : pour obtenir une rente confortable, il faut disposer d’un capital conséquent. Avec moins de 100 000 €, le montant mensuel perçu reste modeste, surtout si l’épargnant est jeune au moment du départ en retraite.
En résumé, la rente viagère est une solution sécurisante mais rigide, adaptée à certains profils, notamment ceux qui veulent se garantir un revenu à vie et qui n’ont pas de projet de transmission.
Sortie en capital : flexibilité, transmission et fiscalité
Utilisation libre du capital
Choisir la sortie en capital signifie récupérer tout ou partie de l’épargne constituée sous forme de liquidités, en une seule fois ou de manière fractionnée. Contrairement à la rente, cette option offre une totale liberté d’utilisation : financer un projet, compléter ses revenus ponctuellement, aider ses enfants, investir… tout est possible.
Cette souplesse séduit la majorité des épargnants. Ce choix est particulièrement prisé dans le cadre du PER individuel, mais aussi possible sur les PER collectifs, les contrats d’assurance-vie ou encore les anciens PERCO.
Transmission possible aux héritiers
Un autre avantage majeur du capital est qu’il reste dans votre patrimoine tant qu’il n’est pas consommé. Si vous décédez avant de l’avoir utilisé en totalité, les sommes restantes peuvent être transmises à vos proches, selon les règles de succession du contrat.
Contrairement à la rente viagère, où le capital est définitivement cédé à l’assureur, la sortie en capital permet une vraie stratégie de transmission à vos enfants ou à votre conjoint, sans devoir recourir à des garanties coûteuses (réversion ou annuités garanties).
Fiscalité : attention aux règles selon l’origine des versements
La fiscalité du capital dépend de la nature des versements effectués pendant la phase d’épargne :
- Si vous avez déduit fiscalement vos versements volontaires sur un PER, le capital récupéré à la sortie est imposable en partie : les versements sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, les plus-values sont soumises au PFU (30 %).
- Si vous n’avez pas déduit vos versements, seul le gain est imposé.
- En cas de sortie en capital fractionnée, vous pouvez lisser la fiscalité sur plusieurs années et éviter une forte imposition ponctuelle.
Dans certains cas, la sortie en capital peut donc entraîner une pression fiscale importante, notamment si elle s’ajoute à d’autres revenus imposables la même année. D’où l’importance d’anticiper l’impact fiscal avec un conseiller pour choisir le bon calendrier ou envisager un étalement.
Comparatif objectif selon votre profil
Le choix entre rente viagère et sortie en capital ne se limite pas à une question de préférence : il dépend directement de votre profil personnel, de votre situation patrimoniale, et de vos priorités de vie à la retraite. Voici les critères essentiels à prendre en compte pour faire le bon choix.
Santé et espérance de vie
La durée de vie anticipée est un élément central dans l’arbitrage entre rente et capital.
- Si vous êtes en bonne santé, sans antécédents familiaux lourds, et que vous vous attendez à vivre longtemps, la rente est plus avantageuse : elle vous assure un revenu stable jusqu’à un âge avancé, sans risque d’épuisement de l’épargne.
- À l’inverse, si votre état de santé est fragile ou que vous craignez un décès prématuré, mieux vaut préserver le capital, que vous pourrez utiliser librement ou transmettre à vos proches.
Besoins de revenus réguliers
La rente est idéale si vous avez besoin d’un revenu mensuel stable pour couvrir vos dépenses courantes, notamment en complément d’une pension de retraite modeste.
Elle offre une sécurité budgétaire, utile si vous ne souhaitez pas gérer votre patrimoine ou si vous craignez les aléas des marchés financiers.
À l’opposé, le capital convient mieux si vous avez déjà des revenus récurrents suffisants (pension de base et complémentaire, revenus locatifs…) et que vous souhaitez conserver une épargne mobilisable à tout moment.
Transmission du patrimoine
Si la transmission à vos enfants ou à un conjoint fait partie de vos priorités, la sortie en capital est nettement plus adaptée.
Elle vous permet de gérer librement votre argent, d’en faire profiter vos proches de votre vivant ou, à défaut, d’en organiser la transmission après votre décès.
À l’inverse, avec une rente viagère sans option de réversion ou d’annuités garanties, le capital est définitivement perdu pour les héritiers en cas de décès anticipé.
Rente ou capital selon votre longévité estimée
La comparaison financière entre rente et capital repose sur une hypothèse simple :
- La rente devient avantageuse à très long terme (généralement au-delà de 85-90 ans).
- En dessous de cette durée de vie, le capital est souvent plus rentable, surtout si l’épargne est bien gérée ou si l’inflation réduit la valeur réelle des rentes.
En résumé, la rente convient aux profils qui cherchent sécurité, simplicité et revenus garantis, tandis que le capital s’adresse à ceux qui privilégient la liberté, la transmission et une fiscalité maîtrisable. Dans de nombreux cas, un choix mixte peut s’avérer judicieux.
Comparatif rente viagère vs capital selon votre profil
Critère | Rente viagère | Sortie en capital |
---|---|---|
Espérance de vie | Avantageuse si vous pensez vivre longtemps | Préférable en cas de santé fragile ou d’espérance de vie réduite |
Besoins de revenus réguliers | Revenu stable à vie, sans gestion à assurer | À constituer soi-même avec des retraits ou placements |
Souhait de transmission | Peu favorable sauf en cas de réversion ou annuités garanties | Capital restant transmissible aux héritiers |
Flexibilité d’utilisation | Aucune : versements fixes, irréversibles | Totale : possibilité d’investir, retirer, ou adapter selon les besoins |
Fiscalité | Fiscalité sur les arrérages selon l’origine des fonds | Taxation sur capital et plus-values, possibilité de fractionner |
Montant de l’épargne | Pertinent avec un capital élevé (100 000 € ou plus) | Pertinent même avec un capital modeste |
Profil psychologique | Sécurisant pour ceux qui recherchent la stabilité financière | Idéal pour les profils autonomes ou dynamiques en gestion |
Options mixtes et modalités selon le nombre de contrats
Répartir entre capital et rente : une possibilité ouverte par le PER
L’un des grands avantages du Plan d’épargne retraite (PER), introduit par la loi Pacte, est sa flexibilité au moment de la liquidation. Contrairement aux anciens dispositifs souvent rigides, le PER offre une option mixte : vous pouvez choisir de percevoir une partie en capital, pour financer un projet ou garder une réserve de trésorerie, et une partie en rente viagère, pour vous assurer un revenu à vie.
Ce choix peut être fait :
- au moment de la retraite,
- en fonction du montant disponible,
- selon vos objectifs (transmission, sécurité, fiscalité…).
L’option mixte est particulièrement utile si vous avez constitué un capital conséquent : par exemple, 60 % en capital pour préserver votre liberté et 40 % en rente pour sécuriser un socle de revenus mensuels. Elle permet également d’étaler la fiscalité sur plusieurs années et d’optimiser votre taux marginal d’imposition.
Les anciens dispositifs : des règles plus contraignantes
Avant la généralisation du PER, plusieurs contrats d’épargne retraite présentaient des modalités de sortie beaucoup plus rigides, souvent centrées sur la rente viagère. Ces contrats restent en gestion, mais n’acceptent plus de nouveaux souscripteurs :
- Contrat Madelin (travailleurs non-salariés) : sortie obligatoire en rente viagère. Le capital ne peut pas être récupéré, même en partie.
- Article 83 (retraite d’entreprise à cotisations définies) : sortie également en rente obligatoire, sauf cas exceptionnels.
- PERP (Plan d’épargne retraite populaire) : principalement en rente, avec une sortie partielle en capital (20 %) autorisée dans certaines conditions.
Ces anciens produits ne permettent pas d’option mixte complète, ce qui limite la marge de manœuvre au moment de la retraite. C’est l’une des raisons pour lesquelles il peut être intéressant d’envisager un transfert vers un PER individuel, afin de bénéficier de plus de souplesse au moment du déblocage de l’épargne.
En résumé, le PER moderne offre une sortie personnalisable, adaptée à vos besoins, là où les anciens dispositifs imposaient la rente. Bien choisir le mode de sortie – ou transférer vos anciens contrats – peut faire une vraie différence pour votre retraite.
Comment choisir entre rente et capital en pratique ?
Le choix entre rente viagère et capital ne repose pas uniquement sur des considérations théoriques : il doit être fait au cas par cas, en tenant compte de votre situation personnelle, financière, patrimoniale et de vos objectifs de vie. Voici les principaux critères à prendre en compte.
Analyse des besoins, de l’horizon de vie et de la santé
Avant toute chose, il est essentiel de faire le point sur vos besoins réels à la retraite :
- Avez-vous besoin d’un revenu mensuel stable pour compléter votre pension ?
- Souhaitez-vous garder un accès libre à votre épargne pour financer des projets ponctuels ?
- Quelle est votre situation familiale (conjoint à protéger, enfants à aider…) ?
Votre état de santé joue aussi un rôle majeur. Une personne en bonne santé, sans antécédents familiaux, peut envisager une longévité importante, ce qui rend la rente intéressante. À l’inverse, en cas de santé fragile ou d’espérance de vie réduite, la sortie en capital peut être plus avantageuse (et plus juste financièrement).
L’âge au moment de la liquidation est également déterminant : plus vous êtes âgé, meilleur est le taux de conversion en rente.
Simulation financière : montant de capital, taux de conversion
Une simulation chiffrée est indispensable pour mesurer l’intérêt de chaque option. Il s’agit d’estimer :
- le montant de rente annuel auquel vous pouvez prétendre selon votre âge, votre capital et l’assureur,
- le nombre d’années nécessaires pour que la rente « rembourse » le capital initial (souvent entre 25 et 30 ans),
- le rendement implicite de la rente comparé à d’autres placements (fonds euros, SCPI, etc.).
Par exemple, un capital de 100 000 € transformé en rente à 65 ans pourrait vous rapporter environ 3 500 € par an. Il faudrait vivre près de 30 ans pour percevoir une somme équivalente au capital de départ. En revanche, si vous vivez très longtemps, la rente peut s’avérer plus rentable.
Prise en compte de l’inflation, options de revalorisation ou indexation
L’un des grands risques de la rente viagère est l’érosion du pouvoir d’achat liée à l’inflation. La plupart des rentes ne sont que très faiblement revalorisées, ce qui peut poser problème dans un contexte de hausse durable des prix.
Certaines compagnies proposent des rentes indexées sur l’inflation ou sur des indices économiques. Ces rentes permettent de préserver partiellement votre pouvoir d’achat, mais leur coût est plus élevé, ce qui diminue la rente initiale.
À l’inverse, en conservant un capital, vous pouvez réorienter vos placements en fonction du contexte économique et rechercher des supports plus dynamiques (immobilier, actions, obligations indexées…). Cela suppose cependant une bonne gestion financière, ou l’accompagnement d’un conseiller.
En résumé, le choix entre rente viagère et capital dépend de votre situation personnelle, de vos besoins de revenus, de votre espérance de vie et de vos objectifs patrimoniaux. Il n’existe pas de solution unique : une analyse sur mesure, éventuellement appuyée par une simulation, vous aidera à faire le bon choix. Dans bien des cas, la combinaison des deux options peut offrir un équilibre entre sécurité et flexibilité.
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