Au moment de liquider une épargne retraite, le choix entre rente viagère et capital peut…

Fiscalité du Plan d’épargne retraite (PER) : comment sont imposés vos versements et retraits ?
Le Plan d’épargne retraite (PER) individuel séduit par sa fiscalité modulable : avantage immédiat à l’entrée grâce à la déduction des versements, ou imposition allégée à la sortie. Mais pour en tirer le meilleur parti, il est crucial de comprendre ses règles fiscales. Dans cet article, nous explorons : la fiscalité à l’entrée du PER, les différentes impositions à la sortie (capital, rente ou mixte), les modalités de déclaration à l’impôt sur le revenu, et plusieurs exemples concrets pour éclairer votre stratégie.
Comment fonctionne la fiscalité du PER individuel ?
Le PER individuel bénéficie d’un régime fiscal attractif, permettant une déduction des versements volontaires à l’entrée et une imposition à la sortie modulée selon les choix effectués. Il est donc essentiel de bien comprendre ses mécanismes pour en tirer le meilleur profit.
À l’entrée : que se passe-t-il fiscalement quand on verse sur un PER ?
Lorsque vous versez volontairement sur un PER individuel, ces sommes peuvent être déduites de votre revenu imposable, dans la limite du plafond fiscal qui vous est personnellement attribué. Pendant la phase d’épargne, les gains générés ne sont pas soumis à l’impôt, ce qui permet de faire fructifier le capital en toute fiscalité différée
Déduction des versements : conditions, plafonds, exemples
Le plafond de déduction est calculé chaque année par l’administration fiscale et dépend de votre statut :
- Pour les salariés : 10 % des revenus professionnels nets de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le PASS, avec un minimum garanti de 10 % du PASS (4 710€ en 2025), sans dépasser un plafond maximum (37 680 € en 2025)
- Pour les travailleurs non-salariés (TNS) : 10 % des bénéfices imposables (jusqu’à 8 PASS) + 15 % de la part comprise entre 1 et 8 PASS, ou bien 10 % du PASS seul, selon ce qui est le plus avantageux (plafond pouvant atteindre 87 135 € en 2025)
Le plafond est réduit par les versements à des régimes de retraite supplémentaires obligatoires (article 83, PERECO/PERO) ou les contrats Madelin.
Le plafond non utilisé peut être reporté sur les 3 années suivantes dans l’ordre chronologique (année N‑3, N‑2, N‑1). Les couples mariés ou en PACS peuvent mutualiser leurs plafonds de déduction sur simple option, pour créer un plafond global fiscal unique
Faut‑il toujours opter pour la déduction fiscale ?
Opter pour la déduction à l’entrée permet de réduire immédiatement votre impôt sur le revenu. Toutefois, cela a un coût fiscal à la sortie : votre capital correspondant aux versements déduits est imposé au barème de l’IR sans abattement, et les gains sont soumis au PFU de 30 %
À l’inverse, en renonçant à la déduction à l’entrée, vous ne réduisez pas votre base imposable immédiatement. En contrepartie :
- La part du capital non déduite est exonérée d’impôt à la sortie,
- Seules les plus-values sont soumises au PFU de 30 %,
- Pour la rente viagère, seule une fraction est imposable selon votre âge (30 à 70 %), avec prélèvements sociaux à 17,2 %
Ce choix doit donc être réalisé en fonction de votre situation fiscale actuelle et de vos objectifs à long terme.
Quelle fiscalité à la sortie du PER ?
La sortie du Plan d’épargne retraite (PER) peut se faire de plusieurs façons : en capital, en rente viagère ou de manière mixte. La fiscalité applicable dépend à la fois de l’origine des versements (volontaires, épargne salariale, cotisations obligatoires) et de l’option fiscale choisie à l’entrée (avec ou sans déduction).
Sortie en capital : imposition selon l’origine des versements
La sortie en capital est généralement possible pour les versements volontaires et l’épargne salariale. La fiscalité dépend de votre choix de déduction à l’entrée :
- Si les versements ont été déduits :
- Le capital est soumis à l’impôt sur le revenu (sans abattement).
- Les gains générés (plus-values) sont soumis au PFU de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
- Si les versements n’ont pas été déduits :
- Le capital est exonéré d’impôt sur le revenu.
- Les gains sont toujours soumis au PFU de 30 %.
Concernant les sommes issues de l’épargne salariale, elles bénéficient d’une exonération d’impôt, mais les plus-values restent soumises aux prélèvements sociaux.
Sortie en rente viagère : barème selon l’âge et option fiscale à l’entrée
Si vous choisissez une rente viagère à la retraite, la fiscalité dépend du type de versements ayant constitué le PER :
- Si les versements ont été déduits à l’entrée :
- La rente est imposée comme une pension de retraite :
- Imposition à l’impôt sur le revenu avec un abattement de 10 %.
- Prélèvements sociaux à hauteur de 17,2 %.
- La rente est imposée comme une pension de retraite :
- Si les versements n’ont pas été déduits à l’entrée :
- La rente est considérée comme une rente viagère à titre onéreux.
- Seule une fraction de la rente est imposable selon votre âge lors du premier versement :
- 70 % imposable avant 50 ans.
- 50 % entre 50 et 59 ans.
- 40 % entre 60 et 69 ans.
- 30 % après 69 ans.
- Cette fraction imposable est également soumise aux prélèvements sociaux de 17,2 %.
Sortie mixte : capital + rente, comment est-on taxé ?
Vous pouvez également opter pour une sortie mixte : une partie de votre épargne en capital, le reste en rente viagère. C’est une solution courante pour adapter la sortie à vos besoins : financement d’un projet, achat immobilier, complément de revenus à vie…
La fiscalité s’applique alors au prorata de chaque forme de sortie :
- La part en capital est imposée selon les règles vues ci-dessus (selon la déductibilité à l’entrée).
- La part en rente suit la fiscalité correspondant à son origine et au régime choisi à l’entrée.
Ce type de sortie permet d’optimiser votre fiscalité si vous avez des besoins immédiats en capital, tout en sécurisant des revenus sur le long terme.
Fiscalité du PER selon les choix d’entrée et de sortie :
Option fiscale à l’entrée | Mode de sortie | Fiscalité applicable |
---|---|---|
Versements déduits | Rente viagère | Imposée comme une pension de retraite (IR avec abattement de 10 %, prélèvements sociaux 17,2 %) |
Versements déduits | Capital | Capital imposé à l’IR sans abattement, plus-values soumises au PFU de 30 % |
Versements non déduits | Rente viagère | Seule une fraction imposable selon l’âge (30 à 70 %) + prélèvements sociaux 17,2 % |
Versements non déduits | Capital | Capital exonéré d’IR, seules les plus-values soumises au PFU de 30 % |
PER et impôt sur le revenu : comment déclarer ?
Déduire ses versements sur un PER individuel de son revenu imposable peut générer une réduction d’impôt significative. Encore faut-il savoir comment déclarer correctement ces montants dans sa déclaration de revenus annuelle et optimiser l’utilisation du plafond de déduction.
Où indiquer ses versements sur la déclaration annuelle ?
Lors de votre déclaration de revenus (formulaire 2042), les versements volontaires effectués sur un PER individuel doivent être indiqués dans les cases dédiées :
- Case 6NS : pour un salarié ou un travailleur non salarié affilié au régime général
- Case 6NT : pour le conjoint
- Case 6NU : pour les personnes à charge
À noter : ces cases sont visibles uniquement si vous avez coché la case « Charges déductibles» au début de la déclaration.
L’administration fiscale applique ensuite automatiquement la déduction, dans la limite de votre plafond disponible.
Comment utiliser son plafond de déduction ?
Chaque contribuable dispose d’un plafond de déduction PER propre, affiché sur son avis d’imposition de l’année précédente. Il correspond à :
- 10 % des revenus professionnels nets de l’année précédente, dans la limite de 8 fois le plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS),
- ou à un plancher forfaitaire si les revenus sont faibles.
Le plafond non utilisé peut être reporté pendant 3 ans. Cela signifie que vous pouvez cumuler jusqu’à 4 années de plafond si vous n’avez pas versé sur un PER récemment.
Report ou mutualisation du plafond (couple)
Si vous êtes marié(e) ou pacsé(e) et soumis à une imposition commune, vous pouvez mutualiser les plafonds de déduction PER entre conjoints :
- Chacun peut utiliser son propre plafond de déduction ;
- Ou utiliser une partie du plafond de l’autre, si le sien est insuffisant et que le conjoint ne l’utilise pas.
Cette souplesse est particulièrement utile pour optimiser la défiscalisation dans les couples ayant des revenus ou versements déséquilibrés.
Fiscalité PER : exemples concrets de scénarios
Pour mieux comprendre la fiscalité du PER individuel, rien de tel que des exemples concrets. Ces trois cas illustrent l’impact du choix fiscal à l’entrée et du mode de sortie sur l’imposition finale.
Cas 1 : versements déduits, sortie en capital
Situation : Anne a versé 5 000 € sur son PER en 2024, qu’elle a déduits de son revenu imposable. En 2035, à sa retraite, elle choisit une sortie en capital.
- Imposition sur le capital :
- Les 5 000 € versés sont imposés comme du revenu classique (sans abattement).
- Les gains réalisés sur l’épargne sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %.
Conclusion : déduction immédiate à l’entrée = imposition classique à la sortie, sauf pour les plus-values (soumis au PFU).
Cas 2 : versements non déduits, sortie en rente
Situation : Marc place 6 000 € sur son PER sans demander la déduction fiscale. À sa retraite, à 65 ans, il choisit une rente viagère.
- Imposition de la rente :
- La rente est imposée selon le régime des rentes viagères à titre onéreux.
- À 65 ans, seule 40 % de la rente est imposable.
- Des prélèvements sociaux (17,2 %) s’appliquent sur la part imposable.
Conclusion : sans déduction à l’entrée, la fiscalité est allégée à la sortie, notamment grâce à l’abattement lié à l’âge.
Cas 3 : transfert d’un ancien produit (PERP, Madelin)
Situation : Cécile transfère un ancien contrat Madelin de 40 000 € vers un PER individuel. Ce contrat avait été alimenté par des versements déductibles. À sa retraite, elle opte pour une sortie en rente viagère.
- Imposition de la rente :
- La rente est imposée comme une pension de retraite (catégorie des revenus imposables).
- Elle bénéficie d’un abattement de 10 % et est soumise aux prélèvements sociaux.
Conclusion : les droits transférés conservent la fiscalité d’origine. En cas de versements déductibles à l’époque, la rente reste fiscalisée comme un revenu.
En résumé, la fiscalité du Plan d’épargne retraite (PER) offre une véritable souplesse, avec le choix entre avantage fiscal immédiat à l’entrée ou allègement à la sortie. Comprendre les implications de chaque option (versements déduits ou non, sortie en capital ou en rente) est essentiel pour optimiser son épargne retraite. Le PER permet ainsi d’adapter sa stratégie fiscale à ses objectifs de vie et à son profil d’investisseur.
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