ALTIS Conseil cité dans Le Figaro Magazine 8 octobre 2025 – Par Nathalie Cheysson-Kaplan Altis…
La Caisse des Français de l’Étranger (CFE) : comment préserver vos droits à la retraite en expatriation
Qu’est-ce que la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) ?
La CFE, un lien entre les expatriés et la Sécurité sociale française
Créée en 1978, la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) est un organisme de Sécurité sociale de droit privé chargé d’une mission de service public.
Elle permet aux Français qui s’expatrient de continuer à bénéficier du système de protection sociale français, en maintenant un lien direct avec les régimes nationaux de santé, d’accidents du travail et de retraite.
La CFE agit comme intermédiaire entre l’assuré et la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) :
- les cotisations versées à la CFE au titre de l’assurance vieillesse sont reversées à la CNAV,
- les trimestres d’assurance sont validés et reportés sur le relevé de carrière de l’assuré,
- le compte individuel retraite est mis à jour chaque année comme s’il s’agissait d’une activité exercée en France.
Ce mécanisme garantit la continuité des droits à la retraite, même en cas de longue expatriation.
Une mission étendue : santé, accidents du travail et retraite
La CFE propose trois types d’assurances volontaires, que l’expatrié peut souscrire séparément ou conjointement selon ses besoins :
- Assurance maladie-maternité-invalidité : elle permet le remboursement des soins à l’étranger et en France dans des conditions proches de celles de la Sécurité sociale.
- Assurance accidents du travail et maladies professionnelles : elle couvre les risques professionnels survenus à l’étranger.
- Assurance vieillesse volontaire (retraite) : elle permet de cotiser pour la retraite de base française pendant la période d’expatriation, dans la limite des revenus déclarés.
Grâce à ces dispositifs, un salarié ou un travailleur indépendant à l’étranger peut continuer à valider des trimestres et à alimenter son revenu annuel moyen (RAM) pour le calcul futur de sa pension, comme s’il n’avait jamais quitté le territoire français.
En adhérant à la CFE, l’expatrié évite les “trous” de carrière qui pourraient réduire son taux de pension ou décaler son départ à taux plein.
Bon à savoir : l’adhésion à la CFE ne dispense pas des cotisations locales obligatoires dans le pays d’expatriation.
Pourquoi cotiser à la CFE pendant une expatriation ?
Maintenir un lien avec le régime français
Souscrire à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) permet à tout expatrié — salarié ou travailleur indépendant — de rester affilié au système français de retraite de base.
En cotisant à la CFE, les versements effectués sont intégralement reversés à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV).
Les trimestres correspondants sont ainsi validés dans le régime général, et le relevé de carrière est mis à jour chaque année, comme si l’activité était exercée en France.
Ce lien administratif et comptable avec la Sécurité sociale française présente plusieurs avantages concrets :
- préserver ses droits sans interruption, même lors d’une longue mission à l’étranger ;
- garantir la prise en compte des salaires perçus à l’étranger dans le calcul du revenu annuel moyen (RAM) ;
- simplifier la liquidation future des droits en regroupant toutes les périodes d’activité sous un même régime de référence.
La CFE joue donc un rôle essentiel pour celles et ceux qui souhaitent maintenir la continuité de leurs droits à la retraite tout en travaillant à l’international.
Éviter les “trous de carrière” dans la retraite de base
Une expatriation dans un pays non conventionné avec la France peut entraîner une période sans cotisation reconnue par la CNAV.
Ces “trous” dans le relevé de carrière peuvent avoir plusieurs conséquences :
- une réduction du nombre de trimestres validés, allongeant la durée nécessaire pour atteindre le taux plein ;
- une baisse du montant de la pension, puisque le calcul du RAM ne prend en compte que les 25 meilleures années validées ;
- un décalage possible de l’âge de départ sans décote.
En cotisant à la CFE, l’expatrié évite cette perte de droits.
Les revenus déclarés à l’étranger sont pris en compte pour la validation des trimestres, dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), au même titre qu’une activité exercée en France.
Comment la CFE fonctionne-t-elle pour la retraite ?
Les conditions d’adhésion à la CFE pour la retraite
L’adhésion à l’assurance vieillesse volontaire de la CFE est facultative, mais encadrée par plusieurs conditions fixées par le Code de la Sécurité sociale.
Elle est ouverte à deux grandes catégories de personnes :
- Les salariés expatriés relevant auparavant d’un régime obligatoire français d’assurance maladie pendant au moins 5 ans, même de manière discontinue ;
- Les anciens assurés ayant cotisé au régime vieillesse obligatoire pendant au moins 6 mois avant leur départ, à condition que la demande d’adhésion soit faite dans les 6 mois suivant la fin de l’affiliation en France.
L’expatrié peut choisir de cotiser uniquement pour la retraite, ou de combiner cette couverture avec l’assurance maladie-maternité ou la garantie accidents du travail.
Calcul des cotisations et validation des trimestres
Les cotisations sont calculées sur la base de revenus bruts dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), soit 47 100 € en 2025 (valeur indicative).
Le montant dépend donc de la base de cotisation choisie et du taux fixé chaque année par la CFE.
Les trimestres validés suivent les mêmes règles que dans le régime général :
- un trimestre est validé lorsque la cotisation correspond à 150 fois le SMIC horaire ;
- un maximum de 4 trimestres peut être validé par an ;
- les périodes cotisées via la CFE apparaissent sur le relevé individuel de situation (RIS) comme des trimestres “cotisés”.
À noter : la CFE ne permet pas le rachat rétroactif de trimestres non cotisés. Pour combler d’éventuelles périodes passées, il faut s’adresser directement à la CNAV.
Barème CFE 2025
| Catégorie | 1ère | 2ème | 3ème |
|---|---|---|---|
| Base de calcul de la cotisation | 47 100 € | 35 325 € | 23 550 € |
| Montant trimestriel | 2 103 € | 1 578 € | 1 053 € |
| Montant annuel | 8 412 € | 6 312 € | 4 212€ |
Coordination avec les conventions bilatérales de Sécurité sociale
L’adhésion à la CFE est particulièrement utile dans les pays sans convention bilatérale avec la France, où les périodes travaillées ne peuvent pas être prises en compte pour la retraite française.
En revanche, dans les pays conventionnés (Canada, Maroc, Japon, États-Unis, Tunisie, etc.), les droits sont coordonnés grâce aux accords de Sécurité sociale :
- les périodes d’assurance accomplies dans chaque pays sont additionnées pour atteindre le taux plein (principe de totalisation) ;
- chaque État verse une pension au prorata des périodes cotisées sur son territoire (principe de proratisation) ;
- La CFE peut rester utile pour compléter une couverture insuffisante. Les conventions bilatérales ne permettent que la validation de trimestres sans prise en compte de revenus, ce qui n’alimente donc pas le revenu annuel moyen utilisé pour le calcul de la retraite française.
CFE ou convention de sécurité sociale : que choisir ?
Quand privilégier la CFE ?
Souscrire à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) est particulièrement recommandé dans plusieurs situations où la protection du régime français ne s’applique plus automatiquement.
L’adhésion permet alors de préserver la continuité des droits retraite tout en sécurisant sa carrière à long terme.
La CFE s’impose comme la meilleure option :
- en l’absence de convention bilatérale de Sécurité sociale entre la France et le pays d’expatriation ;
- si l’expatriation s’inscrit dans un parcours professionnel international comportant des séjours successifs dans plusieurs pays liés à la France par des conventions de sécurité sociale différentes, le principe de non-cumul des conventions s’applique : une seule convention, la plus favorable à l’assuré, sera retenue par la caisse de retraite française pour le calcul des droits.
- ou encore lorsque l’assuré souhaite maintenir une cohérence de cotisation et un suivi unique de ses droits auprès de la CNAV.
Quand la convention bilatérale suffit
Dans de nombreux cas, une convention de Sécurité sociale entre la France et le pays d’accueil permet déjà de maintenir les droits à la retraite de base, sans adhésion à la CFE.
Ces accords bilatéraux (ou européens) garantissent deux principes essentiels :
- la totalisation des périodes d’assurance : les trimestres cotisés dans les deux pays sont additionnés pour le calcul du taux de pension ;
- la proratisation : chaque pays verse une pension proportionnelle à la durée de cotisation sur son territoire.
Les pays sans convention de Sécurité sociale
De nombreux territoires — Chine, Émirats arabes unis, Qatar, Singapour, Hong Kong, Australie — n’ont aucune convention de Sécurité sociale avec la France.
Dans ces pays, les années travaillées ne donnent aucun droit à la retraite française, sauf si l’assuré cotise volontairement à la CFE.
Dans ce cas, ne pas adhérer à la CFE revient à interrompre son historique de cotisations, ce qui réduit le nombre total de trimestres et peut retarder l’accès à la retraite à taux plein.
En résumé
| Situation | Recommandation |
| Pays conventionné (ex. : Canada, Maroc, États-Unis, Japon) | La convention couvre la retraite de base ; la CFE n’est utile qu’en complément santé ou pour conforter le niveau de pension. |
| Pays non conventionné (ex. : Chine, Dubaï, Qatar, Singapour) | La CFE est indispensable pour valider ses trimestres et préserver le taux plein. |
| Parcours international multi-pays | Combiner convention et CFE permet de garantir une continuité complète et une meilleure lisibilité des droits. |
Choisir entre convention bilatérale et adhésion à la CFE dépend donc avant tout du pays d’expatriation et de la stratégie de carrière de l’assuré.
Un conseil spécialisé permet souvent d’identifier la solution la plus pertinente pour optimiser la couverture retraite internationale et anticiper la future liquidation en France.
Comment adhérer et quelles démarches effectuer ?
Une inscription simple et 100 % en ligne
L’adhésion à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) se fait aujourd’hui très facilement en ligne, via le site officiel www.cfe.fr.
L’expatrié peut souscrire avant son départ ou après son installation à l’étranger, en quelques étapes seulement :
- Créer un compte personnel sur le portail de la CFE pour déposer la demande d’adhésion.
- Remplir le bulletin d’adhésion en ligne en précisant les garanties souhaitées (santé, accidents du travail, retraite ou les trois).
- Joindre les pièces justificatives nécessaires :
- Choisir le mode de paiement : virement, prélèvement SEPA ou carte bancaire.
Une fois le dossier complet, la CFE confirme l’adhésion par e-mail. L’assuré accède ensuite à son espace personnel sécurisé, où sont disponibles ses appels de cotisations et attestations.
Des options santé, accidents du travail et retraite combinables
La CFE offre une grande souplesse : chaque expatrié peut choisir les garanties adaptées à sa situation.
- Santé – maladie, maternité, invalidité : pour continuer à bénéficier du remboursement des soins à l’étranger et en France, selon les tarifs de la Sécurité sociale.
- Accidents du travail / maladies professionnelles : pour être protégé en cas d’accident survenu dans le cadre de l’activité professionnelle à l’étranger.
- Retraite (assurance vieillesse volontaire) : pour maintenir la validation de ses trimestres et le calcul du revenu annuel moyen (RAM) comme en France.
Ces trois volets peuvent être souscrits séparément ou simultanément.
Bon à savoir : les cotisations versées à la CFE sont déductibles du revenu imposable dans le cadre des cotisations sociales volontaires (sous certaines conditions fiscales).
CFE ou affiliation complémentaire Agirc-Arrco : quelles différences ?
Deux régimes distincts mais complémentaires
La Caisse des Français de l’Étranger (CFE) et l’Agirc-Arrco International (gérée par Malakoff Humanis) interviennent sur deux niveaux différents du système de retraite.
| Régime | Nature | Objectif | Organisme gestionnaire |
| CFE | Retraite de base (régime général) | Valider des trimestres CNAV et préserver le taux plein | CNAV via la CFE |
| Agirc-Arrco International | Retraite complémentaire des salariés | Acquérir des points de retraite complémentaire | Malakoff Humanis International |
Ces deux cotisations peuvent être cumulées pour garantir une protection équivalente à celle d’un salarié en France.
Pourquoi la CFE ne couvre-t-elle pas la retraite complémentaire ?
La CFE gère uniquement le régime de base de la Sécurité sociale.
Elle reverse les cotisations à la CNAV, mais ne perçoit pas de cotisations ni ne convertit de points Agirc-Arrco.
Autrement dit, un expatrié affilié uniquement à la CFE continuera à valider ses trimestres CNAV, mais aucun point de retraite complémentaire ne sera généré pendant cette période.
Pour pallier cette absence, les expatriés peuvent adhérer volontairement à un régime complémentaire international géré Malakoff Humanis International Agirc-Arrco, reconnu par la fédération Agirc-Arrco,
Ces dispositifs permettent de maintenir les droits complémentaires et de continuer à cumuler des points, sur la base du salaire brut déclaré à l’étranger.
Comment fonctionne la cotisation Agirc-Arrco International ?
L’affiliation volontaire Agirc-Arrco repose sur le même principe que pour les salariés en France :
- les cotisations sont calculées sur la rémunération brute dans la limite de 8 PASS (soit environ 376 800 € en 2025) ;
- elles sont versées trimestriellement à Malakoff Humanis International,
- les points de retraite complémentaire sont ensuite crédités sur le compte individuel Agirc-Arrco de l’assuré.
L’adhésion est possible à titre individuel ou via un contrat collectif conclu par l’employeur français.
Les droits acquis sont ensuite pris en compte lors de la liquidation de la retraite complémentaire, au même titre que les points acquis en France.
Bon à savoir : l’adhésion Agirc-Arrco International est ouverte à tout salarié ayant déjà cotisé au régime Agirc-Arrco pendant au moins six mois ou cotisant à la CFE pour la retraite de base.
Simulation des cotisations Agirc-Arrco 2025 – Salaires 50 000 €, 100 000 €, 150 000 €
| Salaire annuel | 50 000 € | 100 000 € | 150 000 € |
|---|---|---|---|
| Total cotisations annuelles | 5 629 € | 17 979 € | 30 329 € |
| Cotisation mensuelle moyenne | 469 € | 1 498 € | 2 527 € |
Quels sont les avantages et limites de la CFE pour la retraite ?
Des avantages majeurs pour la continuité des droits
La Caisse des Français de l’Étranger (CFE) offre une solution unique pour garantir la continuité de la carrière retraite pendant une expatriation.
Son principal atout est de permettre à l’assuré de rester affilié au régime général français, même lorsqu’il exerce une activité hors du territoire.
Les avantages les plus importants sont :
- Continuité des droits CNAV : les trimestres cotisés via la CFE sont directement intégrés au relevé de carrière, sans rupture de période.
- Simplicité de gestion : un seul interlocuteur pour l’ensemble des démarches santé et retraite, avec un espace personnel en ligne et des cotisations centralisées.
- Reconnaissance officielle : la CFE agit pour le compte de la CNAV, ce qui garantit la validité des trimestres au moment de la liquidation et leur inscription sur le relevé de carrière sans démarche particulière.
- Souplesse : possibilité de choisir la base de cotisation selon son niveau de revenu ou son budget.
- Protection globale : la CFE peut regrouper assurance santé, accidents du travail et retraite dans un même contrat.
Grâce à cette continuité, les années travaillées à l’étranger comptent pleinement pour le calcul du taux plein et du revenu annuel moyen (RAM), essentiels pour la pension future.
Des limites à connaître avant d’adhérer
La CFE présente toutefois certaines contraintes qu’il convient d’évaluer avant de s’engager :
- Un coût non négligeable : la cotisation retraite CFE est proportionnelle aux revenus déclarés, dans la limite du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS). Pour un salarié à revenus élevés, la dépense peut représenter plusieurs milliers d’euros par an.
- Un plafonnement des revenus pris en compte : seuls les salaires jusqu’à 1 PASS (47 100 € en 2025) sont considérés pour la retraite de base. Les rémunérations supérieures ne génèrent pas de droits supplémentaires.
- Pas de rachat rétroactif possible : la CFE ne permet pas de régulariser les années passées. Les cotisations doivent être versées en temps réel, sans effet rétroactif.
- Aucune couverture complémentaire : la CFE ne gère que la retraite de base. Pour la retraite complémentaire, il faut cotiser séparément via l’Agirc-Arrco International (Malakoff Humanis) ou d’autres dispositifs dédiés.
